Le monde médiéval et la virilité
Georges Vigarello, co-auteur des trois tomes Histoires de la Virilité (Seuil) : « Ce qui caractérise le X,XII, XIII ième siècle c’est l’image du chevalier, l’image du chevalier est très intéressante car elle est à la fois l’image de la force et de la beauté. Au moyen âge il y a une sorte d’esthétisation de la force, le visage du chevalier est argenté et fin même s’il s’accommode d’une présence du galbe, d’une présence de la massivité des épaules…Concernant l’univers féminin, il n’est pas complètement écrasé, une femme a sa place, son existence, même si c’est une femme d’intérieur, elle commence a appelé une certaine forme de respect, la littérature courtoise qui montre un chevalier totalement dominant et une femme qui est capable désir, d’émotion, une fragilité qui renvoie à une richesse intérieure.
A la renaissance il y a une façon de se rapprocher de Dieu qui passe par de l’émotivité, de l’amour, par un enrichissement intérieur alors que le phénomène de la domination n’a pas changé. »
La guerre, la pulsion, la violence sexuelle
Si on prend l’amour courtois, la fin du moyen âge, la guerre, la pulsion, la violence sexuelle, devient une guerre métaphorique, autrement dit ce qu’on a appelé le combat, le doux assaut, un assaut sexuel devient une fausse violence, l’homme reste le chevalier qui a du courage, qui a de virilité à revendre, qui connaît la violence dont la pulsion peut être agressive au sens psychanalytique du terme, il veut prendre la femme comme une ville, une plateforme, peut-être la mettra-t-il enceinte, mais il sait car le code social lui dit que pour être un vrai courtois, un homme du Haut, un aristocrate de la vie , il doit refréner ses ardeurs selon un code, ne pas faire ressortir de son corps seulement des humeurs qui soient justes organiques, il y aura aussi des mots, du langage.
Femme sacralisée par le vrai viril
La femme est sacralisée, elle est la Dame par le vrai viril, c’est à dire celui qui sait codifier, mettre en culture la nature même de ses pulsions. Idéologiquement on part de quelque chose qui est pulsionnel vers quelque chose qui se civilise, on a toujours l’impression d’une féminisation des mœurs.
Dans l’histoire, il y a eu plusieurs vagues de contestation de cet idéal avec intégration d’autres modèles par exemple avec pour les moines, les hommes d’église, la virilité ne s’affirme pas tant par l’expression, la démonstration sans cesse de la puissance phallique, mais au contraire par la capacité à domestiquer, spiritualiser ou esthétiser le désir, ce qu’on a appelé la sublimation, et donc pendant tout le moyen-âge, on s’est vraiment demandé qui était le plus viril, du guerrier ou du moine.
Retranscription libre LSD France Culture